13 janvier 2025

Pongal, la fête tamoule

PONGAL

பொங்கல் Pongal est la fête des moissons qui marque le début du solstice d’hiver. A l'origine, c'était une fête païenne (non liée à l’hindouisme), perpétuée par les paysans du Tamij Nâdou pour célébrer la nouvelle récolte du riz. Raison pour laquelle, on la nomme aussi தமிழர் திருநாள், la fête des Tamijars, sans distinction de castes ou religions...

Elle a lieu le premier jour du mois de taï  (calendrier tamoul) qui correspond généralement au 14 janvier. On la qualifie ainsi de தைப்பொங்கல் taï-pongal. A ne pas confondre avec le nouvel an tamoul, le 1er du mois de sittiraï, qui se situe vers le 14 avril.

Cette fête séculaire dure quatre jours : du 13 au 16 janvier


Le 13, premier jour : போகி Bôgui marque le dernier jour du mois de mârgaji, où l’on se sépare de tout ce qui est inutile, en brûlant les vieux vêtements (purification par le feu) et en jetant les objets usés. 

C’est symboliquement le début d’une nouvelle vie. On nettoie, rénove et décore les maisons. Les kôlames multicolores égayent les rues. On achète de la nouvelle vaisselle, vêtements, etc. Laisser partir l'ancien pour faire de la place à la nouveauté...


Le 14, deuxième jour : தைப்பொங்கல் taï-pongal 

Offrande au soleil en signe de gratitude pour les bonnes récoltes. Dans un nouveau pot en terre, on cuit le riz dans du lait fermier, du sucre brut et une poignée de lentilles jaunes. 

Quand la préparation déborde, on chante "Pongalô Pongal(symbole d’abondance et de prospérité). On y ajoute du néyi (beurre clarifié), de la cardamome, des noix de cajou et des raisins secs avant de distribuer le riz gluant à l'entourage. 

Voici ma recette de sarkaraï pongal
http://saveurindiennemetisse.over-blog.com/2017/01/pongal-sucre-riz-au-lait-9.html



Le 15, troisième jour : மாட்டுப் பொங்கல்

Mâttou Pongalhonneur aux animaux qui ont trimé toute l’année avec les agriculteurs. Ce jour est destiné à rendre grâce aux vaches qui nous nourrissent avec leur lait et aux bœufs qui labourent les champs. 

Les bovins sont lavés, décorés et promenés dans les rues. Une offrande leur est dédiée avec du délicieux pongal à s’en lécher les babines. On accroche à leur cou des colliers de sucreries, les enfants se ruent pour en grappiller quelques unes. Le tintement des clochettes résonne dans les rues. Après avoir fait la java, les vaches se reposent...


Des courses de taureaux, appelées Jallikattu (prononcer djalikattou), sont organisées dans les villages pendant cette période. Ils sont lâchés un par un dans l'enclos des participants. Les plus endurants qui réussissent à dompter l’animal gagnent des lots. Il n’y a pas de mise à mort comme à la corrida mais ce sont plutôt les participants qui prennent des coups de cornes acérées ! Certains ont essayé de l'interdire définitivement mais sans succès !

Ce sport de bravoure très populaire dans le Tamij Nâdou attire les foules. J’ai développé son aspect culturel, qui signe l’identité des Tamijars, dans mon 3ème roman « Tamij, la guerrière – de Pondichéry à Sivagangaï ».


Le 16 quatrième jour : காணும் பொங்கல்

Kânoum Pongal, kânoum qu’on peut traduire par "se voir". C’est symboliquement la journée de partage où on se rend visite mutuellement. On déguste les différents mets qu'on a préparés (souvent non végétariens) avec la famille, les amis, les voisins. On s’offre des cadeaux. 

Surtout, on gratifie toutes les personnes qui travaillent pour nous avec de l'argent, des vêtements neufs, des fruits et légumes. Notamment la canne à sucre qui est abondante à cette période de l'année.

On l'appelle aussi உழவர் திருநாள் Oujavar tirounal, le pongal des cultivateurs

Pongal chez une famille paysanne dans un village du Tamij Nâdou
source https://www.youtube.com/watch?v=mr-7zUgu2Og

sweet pongal recipe : https://www.youtube.com/watch?v=kMRHrUJ5HJE&t=2s


Au fil de mes histoires, j'ai égrené quelques célébrations traditionnelles dont le Pongal dans mon premier roman "Pondichéry, la sensuelle" pour s'imprégner de l'ambiance. Merci et joyeux Pongal à tous, தைப்பொங்கல் வாழ்த்துக்கள் 🙏 Chilpa Dévi


Article tous droits réservés - copyright © Chilpa Dévi


22 novembre 2024

Les éléphants des temples en Inde

 

Deïvanai, l'éléphante du temple de Tirouchendour - Tamij Nâdou (Inde)

Un drame est survenu cette semaine au temple de Tirouchendour (Tiruchendur), dans le Tamij Nâdou. Deïvanai a tué 2 personnes ! Le 18 novembre 2024, l'éléphante était seule dans son enclos quand un individu s’introduit pour faire des selfies. Après une longue séance photos, l'homme l'aurait touchée, sans son consentement, pour lui dire aurevoir. Elle se serait énervée et l'aurait giflé. Projeté contre le mur, il (58 ans) meurt sur le champ. Un des cornacs (parenté à cet homme) serait accouru pour lui porter secours. Dans un moment de panique, elle l'écrase par mégarde, Udaya Kumar (45 ans) décède sur la route de l’hôpital.

L'éléphante Deïvanai et son feu cornac Oudaya Koumar (sur son dos) au temple de Tirouchendour en 2017 https://youtu.be/cAAUT_FxhoY


L’analyse des images de la caméra de surveillance est en cours… Tout avait été filmé : on y voit les corps inanimés des 2 individus au sol, les 2 autres cornacs s’affairer autour de l’éléphante énervée, Deïvanai s’agenouiller pour réveiller son cornac qui gisait inerte et barrir de détresse en se rendant compte qu'elle venait de commettre l'irréparable. La scène est poignante ! Attention, images chocs


Qu’est-ce qui a provoqué la colère incontrôlable de l’éléphante ? Elle ne tolérait personne d’autres que ses 3 cornacs dans son territoire exigu. S’était-elle sentie menacée par cette intrusion ? Était-elle affamée, stressée ?  Se sentait-elle seule sans sa tribu éléphantesque ? Avait-elle mal quelque part ? Deïvanai avait de l'eczéma mais ne souffrait d'aucune démence. Elle redevient docile quand le cornac principal, Radha Krishnan, l'asperge d'eau pour la calmer. Des examens médicaux sont en cours pour déterminer les causes de cette soudaine rage chez cette  éléphante domestiquée. 

Paix aux âmes des deux malheureux tués, les fatalistes diraient que c'était leur destin ou karma ! Mais Deïvanai pleure son dévoué compère, elle refuse de s'alimenter et reste prostrée. Oudaya Koumar s’était occupé d’elle pendant 15 ans, elle a une mémoire d'éléphant...


J’ai croisé le chemin de Deïvanai en novembre 2017, quand je m’étais rendue au temple de Mourougar. Au petit matin, dans la descente qui menait vers l’océan, se tenait la belle Deïvanai, oreilles au vent. Elle tournoyait constamment sa trompe pour tromper son ennui. Tous les jours, elle bénissait les dévots, des centaines de milliers, sans relâche… Ce n'est pas une vie d'éléphant !

J’ai tourné autour d’elle pour la filmer avec mon smartphone. Intriguée, elle me suivit du regard et tendit sa trompe dans ma direction. Je n’ai pas osé m’en approcher, car je ne la connaissais pas. Je suis restée une bonne demi-heure à l'observer, non sans un pincement au cœur. J'ai prié pour elle...


Deïvanai - Tiruchendur 2017   https://youtu.be/pSseLBIvlkM

Cette jeune éléphante de 25 ans appartient au temple. Arrivée d’Assam à l’âge de 6 ans, elle a été offerte par un fidèle. Mais elle aurait déjà attaqué des gens par le passé dans un autre temple ! A Tirouchendour, on lui a construit une grande bassine où elle se baigne quotidiennement. On la voit jouer, comme une gosse qu'elle est, avec son feu cornac dans cette vidéo.

source https://www.youtube.com/watch?v=bBqvbdPxS7Y&ab_channel=ChendurTv

La polémique sur la nécessité d’avoir des éléphants dans les temples refait surface en Inde. Ces dernières années, il y a eu plusieurs accidents graves. En septembre 2024, l’éléphante Subbulakshmi du temple de Koundrakoudi (Kundrakudi) est morte brûlée vive, à cause d’un court circuit dans son enclos. Plusieurs personnes sont attaquées fréquemment lors des festivités à cause des pachydermes qui paniquent dans la foule et le bruit. Pourquoi vouloir malgré tout maintenir cette tradition du temps des royautés où les éléphants faisaient partie intégrante de leur quotidien ? Dans les temps anciens, ils étaient utilisés pour les travaux de construction, de déforestation ou comme montures de guerres et emblème de fierté d'un royaume ainsi que les processions religieuses. Aujourd'hui, les machines font les travaux pénibles, alors quelle utilité de les garder en captivité ? Pour creuser sur le sujet :

https://www.youtube.com/watch?v=w-TcpBMDCrA&ab_channel=TheHindu


Non sans une pensée affectueuse pour feue Lakshmi, l’éléphante du temple de Vinayagar à Pondichéry, qui m’était familière à force de la côtoyer depuis son plus jeune âge. Celle-ci est morte à 25 ans subitement (novembre 2022) d’une crise cardiaque, en intériorisant sa douleur, sans blesser personne physiquement… Heureusement, elle n'a pas été remplacée, sa fin tragique aura servi de leçon.



Après le drame de Tirouchendour, il est question de transférer définitivement Deïvanai à la réserve de Moudoumalaï (Mudumalai), dans la montagne des Nilguiris. Un centre en pleine nature, où tous les éléphants des temples du Tamij Nâdou se retrouvent entre eux, une fois par an. Mais depuis 2021, ces séjours de remise en forme de 48 jours ont été suspendus pour diverses raisons… Fini les vacances !

Après 18 ans de bons et loyaux services auprès des humains, je souhaite à Deïvanai de trouver enfin la sérénité, en pleine forêt, là où sont censés vivre tous les animaux sauvages et avec les siensN'hésitez pas à commenter et partager. Merci, Chilpa Dévi

Tous droits réservés © Chilpa Dévi

Article et photos perso sous copyright

18 octobre 2024

TamiJ vs TamiL - tamiJitude ou tamiLitude


Vous êtes-vous demandé pourquoi dit-on tamiL au lieu de tamiJ en anglais ?
Le son JE n'existe pas phonétiquement dans la langue de Shakespeare. Pour pallier cela, les Anglais l'ont remplacé par L pour former "tamil" ou "tamizh" avec ZH. D'ailleurs, les Indiens utilisent de plus en plus cette dernière version pour avoir un semblant de prononciation avec la langue dravidienne.

La déformation s'est répercutée aussi en français : Tamoul-e-s, tamoulophone, tamoulitude, etc. Nous savons que Tamoul désigne le peuple du sud de l'Inde, qui a pour langue le tamoul. A ne pas confondre avec l'hindouisme, car ce n'est pas une religion ! 

D'ailleurs, certains ont pris l'habitude de désigner les Indiens "hindous", pour les différencier des Amérindiens. Pour cause un navigateur espagnol qui les a confondus : en arrivant en Amérique du Sud, Christophe Colomb pensait avoir atteint les Indes. Heureusement que Vasco De Gama a rectifié le tir... Maintenant quand on me demande : vous êtes hin-dou ? Je réponds : ça dépend de mon humeur (et de qui j'ai en face de moi), dès fois je ne suis pas douce !!

Trêve de plaisanterie, passons aux choses sérieuses. C'est lors de l'écriture de mon 3ème roman, que je me suis posé la question. Les noms propres et des villes, orthographiés à l'anglaise, avaient une résonance complètement différente que ceux d'origine. Les mots ont une racine, une signification et surtout une vibration. Il va sans dire qu'en remontant à l'étymologie d'un mot, on peut reconstituer l'Histoire d'un pays...

Pour prendre un exemple concret : Cuddalore se prononce "Kudalor" en français alors qu'en tamoul கடலூர் se dit "Kadalour" qui correspond à kadal : la mer et our : la ville, étymologiquement cela a du sens, la ville côtière. Et je dois avouer qu'entendre les étrangers écorcher constamment la langue de Tirouvalouvar a le don de m'irriter ! Tout finit par se dénaturer et perdre son sens, c'est pour cela que j'ai consacré un chapitre sur ce sujet dans mon 3ème roman.

une vidéo instructive sur la langue tamoule


Pourquoi ne pas redonner sa noblesse à cette langue millénaire, qui prend sa racine dans le Tamij-Brahmi ? En la francisant avec J, à l'identique de la prononciation d'origine : 

TAMIJ தமிழ்  avec un J ழ்                    
le Ja de ழகரம் (jagaram), qu'on prononce en effleurant le palet avec sa langue. 

Les Indiens pensent être les seuls à posséder un J dans l'alphabet alors qu'il existe aussi dans la langue de Molière. 

humoristique : tamil vs tamizh

une vidéo récente qui démontre l'ancienneté de la langue tamije, qui n'est pas née du sanskrit comme on a pu l'entendre... avec preuves historiques et religieux à l'appui, en tamoul :


Après élucubrations, l'idée m'est venue de franciser les termes anglophones. Le but de ma démarche étant de prononcer de manière authentique les termes tamouls en français.  Par exemple, Tamil Nadu devient Tamij Nâdou. J'ai habillé les voyelles longues avec un chapeau (accent circonflexe) : Nadu devient Nâdou (et éviter ainsi de doubler les voyelles pour Naadou). 

Maîtriser les 2 langues correctement, tamoul et français, à l'écrit et à l'oral avant de s'attaquer à la lexicologie... 

Tamijitude est un mot que j'ai créé en lien avec Tamij + attitude. Une adjonction du suffixe "itude" pour souligner l'identité et les spécificités de la culture tamoule, inhérente à la langue TAMIJ தமிழ்.
 
L'alphabet français facilite sa prononciation avec la consonne J donc j'ai phonétisé en tamiJitude. Il existe déjà avec un L : tamilitude, notamment en Anglais. Inventé par le philosophe Ramanan Sri, sur le modèle de négritude, créolitude et coolitude, est né le tamil + itude.

Tamilitude 1. La qualité, l'état ou le fait d'être d'origine tamoule. 2. Le patrimoine historique, culturel et social considéré comme commun au peuple tamoul dans son ensemble. 3. L'affirmation de soi du peuple tamoul ; l'affirmation ou la conscience de la valeur de la culture, du patrimoine, de l'identité, de la société et de la civilisation tamoules. 

Même si je l'ai copyrighté dans mon dernier roman " Tamij, la guerrière - de Pondichéry à Sivagangaï " le terme tamijitude est libre d'utilisation. Tout le monde peut l'employer sans en revendiquer la maternité. Dans cet ouvrage, j'ai modifié de nombreux mots à consonance anglaise pour correspondre au plus près de la prononciation tamoule. 

Je suis franco-tamije, amoureuse de ma langue maternelle, le tamij et de ma langue paternelle, le français. Il n'y a aucune revendication identitaire sous-jacente, je ne suis pas communautariste... 

Si vous avez des remarques, n'hésitez pas à m'écrire. Et aussi des suggestions pour améliorer car il n'existe aucune standardisation concernant les transcriptions tamoul-français. L'idéal serait d'uniformiser à terme la graphie des mots employés par les personnes biculturelles.... 
Merci infiniment, Chilpa Dévi    


à découvrir sur Amazon https://amzn.eu/d/bxcOxiT
Tamij, la guerrière - De Pondichéry à Sivagangaï

article copyright Chilpa Dévi 

d'autres articles sur mon blog : Nouvelles de Pondichéry et Tamil Nadu
https://nouvellesdepondicheryettamilnadu.blogspot.com/

#tamijitude




02 octobre 2023

Les rites des femmes tamoules en Inde

Une présentation des rites de passage des femmes tamoules dans l'Inde d'aujourd'hui. Dans le but de mettre en lumière la sororité qui se dégage en filigrane de ces cérémonies ancestrales et faire connaître l'authentique culture tamoule*.

* Tamoul ne signifie pas hindou en Inde. Il n’y a aucune connotation religieuse. Ce terme désigne la langue parlée dans le Tamij Nâdou (sud-est de l'Inde) ou l'appellation de ses habitants.


Les rituels jalonnent la vie des femmes du Tamil Nadu. De l’enfance à l’âge mature, accompagner les transformations physiques et émotionnelles pour les aider à s’épanouir dans leur féminité. Ces rites de passage se déroulent dans un cercle essentiellement féminin, en présence de la famille et des amies.
 

Des occasions pour renforcer les liens de sororité qui les unissent. Mais aussi, une transmission intergénérationnelle où les aînées initient les plus jeunes à l'art de devenir une femme. Je vous emmène dans leur intimité découvrir les secrets de ces célébrations ancestrales qui perdurent dans l’Inde du sud…


Les rites féminins n’étaient pas religieux à l’origine. Ils découlent de la civilisation tamoule plurimillénaire. Le mot Sadangou désigne le rituel, il est codifié par des rites, dont le Nalangou, principalement effectué par des femmes.


Je développe les rites de passage majeurs et leur signification, de l'enfance à la maturité, dans le Pays Tamoul. Si vous êtes intéressé par une conférence sur ce thème, je vous remercie de me contacter par mail chilpa.devi @ gmail.com

Copyright propriété intellectuelle : résumé et contenu de cette conférence Tous droits réservés à Chilpa Dévi, auteure



Vous trouverez la version romancée de tous ces rites dans mes deux romans :



- Pondichéry, la sensuelle

cliquer sur l'onglet feuilleter pour lire un extrait du roman



Pour lire d'autres articles du blog : Nouvelles de Pondichéry et Tamil Nadu
https://nouvellesdepondicheryettamilnadu.blogspot.com/

31 mai 2023

Sarojini Naidu, poétesse engagée indienne

Sarojini, le rossignol de l'Inde

"Bien-aimé, vous pouvez, comme les hommes disent, n’être que la défaillante étincelle. De la flamme qui tremble en la lampe d’argile. Qu’importe ! Puisque vous éclairez mes ténèbres. Aux lustres immortels du jour". Extrait du poème  L’Illusion de l’amour  de Sarojini Naidu.

Parmi les "femmes de pouvoir", une figure emblématique en Inde mais peu connue par les jeunes générations en occident : Sarojini NAIDU



Poétesse, écrivaine, artiste, diplômée de Cambridge, militante de la cause des femmes, activiste indépendantiste, cheffe politique… et mère de 5 enfants !

Née en 1879 à Hyderabad, elle passe son baccalauréat à Chennai puis part continuer ses études universitaires en Angleterre. 

Elle tombe amoureuse de Govindarajulu Naidu, un jeune médecin veuf. Elle l'épouse à 19 ans, un mariage inter-caste avec la bénédiction de la famille Chattopadhyay.


Sarojini milite pour l’émancipation féminine, dit non au patriarcat, sans pour autant se revendiquer féministe. Elle sillonne l’Inde pour inciter les femmes à s'autonomiser et sensibilise le pays à leurs causes. 

Elle fonde la Women’s India Association en 1917 avec Annie Besant, avec laquelle elle part en Angleterre revendiquer le droit de vote des femmes. 

En 1925, elle devient la présidente du 1er parti politique indien, Indian National Congress.

Elle s'envole aux Etats-Unis en 1928 pour promouvoir la culture indienne. S'exprimant dans un anglais parfait, l'ambassadrice captive ses interlocuteurs par son franc parler. On la voit plaider la cause de son pays. 


« Elle combine d’une façon remarquable la puissance intellectuelle avec le charme, la douceur avec l’énergie téméraire, une vaste culture avec l’originalité, et la sincérité avec l’humour. Si toutes les politiciennes indiennes sont comme madame Naidu, alors le pays est chanceux, en effet. » s'extasie Aldous Huxley.


Arte a diffusé un reportage en 3 volets sur les décolonisations. Dans le 2ème volet, La libération, sont narrés son parcours et son voyage aux Etats-Unis en tant que représentante pour une Inde libre. 

Pourtant un livre fait de l’ombre au tableau : Mother India 
« C’est une contrée maudite soumise par une religion barbare qui est l’hindouisme. Un peuple aussi arriéré n’est pas mûr pour l’indépendance » assène son auteure Catherine Mayo


Disponible en replay sur Arte : 



Sur son chemin de vie, elle rencontre Rabindranath Tagore, Jinnah, Nehru et surtout Gandhi. Ce fut le déclic patriote. 

Elle se joint à lui à la dernière étape de la marche du sel en 1930. C'était la seule femme du cortège mais son acte de militantisme contre l’oppression britannique incite ses concitoyennes à en faire autant. 
Avec Mahatma Gandhi à la gare de Boulogne en route pour une table ronde à Londres (1931)


Quand Gandhi est mis en prison par les autorités britanniques, il lui confie la direction du mouvement mais elle est emprisonnée à son tour !

Son arrestation pendant Quiet India fait la une des journaux occidentaux et suscite l’admiration y compris en France.

Elle a écrit de nombreux ouvrages : poétique et politique, en vente sur internet.

Madame Sarojini Naidu décède le 2 mars 1949 à Lucknow (d'une crise cardiaque à 70 ans) alors qu'elle gouvernait l'état d'Uttar Pradesh. Première femme gouverneure de l'Inde libre nommée en 1947.


Emission radio France Culture sur le parcours de Sarojini Naidu

Je la mentionne dans mon 2ème roman "Pondichéry, la sororale" afin de la mettre en lumière auprès du lectorat francophone. @ Chilpa Dévi 🙏


Cliquer sur les photos pour les afficher en grand format
Crédit photos google et sites référencés dans cet article
Texte copyright Chilpa Dévi

09 avril 2023

The Elephant whisperers, amour improbable entre éléphants et humains


 Mon coup de cœur « The Elephant whisperers » un court-métrage indien, qu’on peut traduire par « ceux qui murmurent à l’oreille des éléphants ». Il vient de recevoir un Oscar.

L’histoire vraie se déroule dans la réserve de Mudumalai (Tamij Nadu). Elle raconte l’amour improbable entre un éléphanteau et un couple de cornacs. Raghu agonisant, mutilé avec de multiples morsures, est recueilli par Bomman et Belly, issus d’une tribu de montagnards. Au fil des mois, il retrouve la santé grâce aux soins prodigués par le couple. On essaie de le réintégrer dans le milieu sauvage mais il est rejeté par ses pairs. Donc, il devient leur propre bébé.
Teaser du film

C’est rare une femme cornak : Belly, veuve, venait de perdre sa fille adulte quand on leur confie Raghu. Transfert d’amour maternel, il sèche ses larmes. Grâce à lui, elle rencontre Bomman, d’une lignée de cornaks. Il grimpe sur des parois vertigineuses pour récolter le précieux miel et arrondir ainsi ses maigres revenus. L’aîné Raghu est un gamin pourri-gâté jusqu’à ce qu’une deuxième éléphanteau, Ammu, est confiée par le Département de la forêt. Chamailleries et affections se succèdent comme dans n’importe quelle fratrie. Les adultes, deux cœurs esseulés, finissent par se marier pour fonder une famille atypique. Tous les quatre coulaient des jours heureux…


Mais un jour, l’adolescent Raghu est réquisitionné par les autorités pour devenir un « Kumki ». Il est dressé, comme certains de ses congénères, pour mater des éléphants sauvages qui sévissent dans les villages (à cause de la déforestation). Depuis, la famille a sombré dans la tristesse d’avoir perdu un membre de sa famille. La détresse d'une mère 


On les autorise à le revoir longtemps après… Les parents apprennent que leur garçonnet est devenu une vedette oscarisée. Des retrouvailles émouvantes et une séparation à nouveau déchirante ! Factuellement, les animaux souffrent comme nous les humains...


La jeune réalisatrice Kartiki Gonsalves est tombée par hasard sur Raghu et ses parents adoptifs. Emue par leur complicité, elle décide d’en faire un film qui a fait mouche à Hollywood, une première dans ce cercle de pailletés !


Le film est sorti sur Netflix. A espérer qu’ils partagent une infime partie de la recette de ce documentaire avec les figurants. Plusieurs personnalités défilent pour les féliciter. Mais une statuette ne peut pas améliorer les conditions de vie de ce couple qui sont dans un dénuement matériel. Ils vivent pour l’amour de leurs éléphants et non pour la gloire. 🐘🐘
Review copyright @ Chilpa Dévi 🙏


Une autre histoire d'éléphante, Lakshmi chère à mon cœur, à retrouver sur mon blog : https://nouvellesdepondicheryettamilnadu.blogspot.com/2022/12/un-ange-nomme-lakshmi-pondichery.html


24 février 2023

Mahakavi Bharathiyar, le poète tamoul à Pondichéry

Chinnaswamy Subramania Bharathi (11 décembre 1882 - 11 septembre 1921)

Il aimait les humains et les animaux, il nourrissait les moineaux même s’il n’y avait pas assez à manger dans la marmite de riz. Sa passion pour la littérature et son amour du prochain avaient motivé son chemin de vie plutôt que l’aspect pécuniaire, au grand dam de son entourage familial.

Communément appelé Mahakavi Bharathiyâr, cet érudit et poète tamoul est né dans l’Inde britannique, à Ettayapuram, dans une famille brahmane du Tamij Nadu.

Combattant de la liberté, de toutes les libertés, il s’était érigé contre la colonisation, le castéisme, l’oppression des plus démunis, l’asservissement des femmes, le mariage des enfants…

Un écorché vif, un colérique, un avant-gardiste aux talents multiples non identifié comme surdoué !


Lui-même marié à l’âge de 14 ans à son épouse Chellama âgée de 7 ans, devenue peut-être sa muse Kannama. Le couple a deux filles Thangammal et Sakuntala. Le poète a milité pour l’émancipation féminine et insufflé le courage à plusieurs générations à travers ses vers. A commencer par les femmes de sa vie.

Le réformateur social qu’il était prônait qu’il n’y avait que deux castes : homme et femme (propos dans le contexte de l’époque). Il fréquentait les gens de toutes confessions et toutes classes sociales et refusait d'afficher le signe distinctif de son appartenance communautaire.


Bharathiyâr était porté sur la spiritualité avec un amour immodéré pour Shakti, l'énergie féminine sacrée.





Emprisonné plusieurs fois pour ses discours indépendantistes, il s’était réfugié à Pondichéry de 1908 à 1918 pour échapper au joug anglais. Pendant ces 10 années, il a écrit plusieurs œuvres patriotes et dirigé des journaux tamouls dont India.

Il maîtrisait le tamoul, l'hindi, le téloungou, le sanskrit, l'anglais, le français... Polyglotte, il a traduit des épopées et œuvres littéraires.

Si vous êtes de passage à Pondichéry, n’hésitez pas à rendre visite à son mémorial à l’angle d’Eswaran kovil street et de Pedro kanagarayar street. Vous y trouverez des précieux documents et photos d’époque dans cette maison où il a vécu.


Visite filmée de la maison de Bharathiyâr à Pondichéry


Attaqué par un éléphant ingrat qu’il nourrissait quotidiennement, il tomba gravement malade.

Cet homme, qui a beaucoup œuvré pour son pays, est mort à 38 ans dans le dénuement et l’anonymat, rejeté par ses pairs. Une dizaine de personnes était présente à ses funérailles.

Ces honneurs et reconnaissance dont il bénéficie post-mortem ne l’ont pas aidé de son vivant… Il a fini sa vie dans la solitude et la misère à Chennai. Il n'a pas été compris, bien trop en avance sur son époque !

Pour en savoir un peu plus sur la vie de Bharathiyar, un reportage en anglais

le même reportage en tamoul


Recueil de poèmes de Bharathiyar traduit en français par un professeur du Calvé Collège : Sougou Kuppusamy
édité par le gouvernement de Pondichéry intitulé :
Soupramania Baradi, poète du pays Tamoul.

Sa femme Chellamma Bharati rédige sa biographie en 1941 intitulée : Bharathiyar sarithiram, toujours disponible à la vente. Et bien d'autres ouvrages ont été publiés par sa descendance.


J’ai été bercée par ses chansons durant mon enfance, comme beaucoup d’enfants tamouls.

Je l’ai mentionné dans mon premier roman «Pondichéry, la sensuelle» pour faire connaître cet écrivain hors-normes auprès du public francophone. Et rendre hommage à son combat pour la libération des femmes. Chilpa Dévi

Article tous droits réservés copyright Chilpa Dévi

Pongal, la fête tamoule

PONGAL பொங்கல்  Pongal  est la fête des moissons qui marque le début du solstice d’hiver.  A l'origine, c'était une fête païenne (no...