Partager avec les lecteurs-lectrices ce que j'ai vu, entendu, senti, goûté, ressenti dans ma région natale. Une balade dans le pays tamoul tout en s'informant, pour se forger sa propre opinion...
24 février 2023
Mahakavi Bharathiyar, le poète tamoul à Pondichéry
Chinnaswamy Subramania Bharathi (11 décembre 1882 - 11 septembre 1921)
Il aimait les humains et les animaux, il nourrissait les moineaux même s’il n’y avait pas assez à manger dans la marmite de riz. Sa passion pour la littérature et son amour du prochain avaient motivé son chemin de vie plutôt que l’aspect pécuniaire, au grand dam de son entourage familial.
Communément appelé Mahakavi Bharathiyâr, cet érudit et poète tamoul est né dans l’Inde britannique, à Ettayapuram,dans une famille brahmane du Tamij Nadu.
Combattant de la liberté, de toutes les libertés, il s’était érigé contre la colonisation, le castéisme, l’oppression des plus démunis, l’asservissement des femmes, le mariage des enfants…
Un écorché vif, un colérique, un avant-gardiste aux talents multiples non identifié comme surdoué !
Lui-même marié à l’âge de 14 ans à son épouse Chellama âgée de 7 ans, devenue peut-être sa muse Kannama. Le couple a deux filles Thangammal et Sakuntala. Le poète a milité pour l’émancipation féminine et insufflé le courage à plusieurs générations à travers ses vers. A commencer par les femmes de sa vie.
Le réformateur social qu’il était prônait qu’il n’y avait que deux castes : homme et femme (propos dans le contexte de l’époque). Il fréquentait les gens de toutes confessions et toutes classes sociales et refusait d'afficher le signe distinctif de son appartenance communautaire.
Bharathiyâr était porté sur la spiritualité avec un amour immodéré pour Shakti, l'énergie féminine sacrée.
Emprisonné plusieurs fois pour ses discours indépendantistes, il s’était réfugié à Pondichéry de 1908 à 1918 pour échapper au joug anglais. Pendant ces 10 années, il a écrit plusieurs œuvres patriotes et dirigé des journaux tamouls dont India.
Il maîtrisait le tamoul, l'hindi, le téloungou, le sanskrit, l'anglais, le français... Polyglotte, il a traduit des épopées et œuvres littéraires.
Si vous êtes de passage à Pondichéry, n’hésitez pas à rendre visite à son mémorial à l’angle d’Eswaran kovil street et de Pedro kanagarayar street. Vous y trouverez des précieux documents et photos d’époque dans cette maison où il a vécu.
Visite filmée de la maison de Bharathiyâr à Pondichéry
Attaqué par un éléphant ingrat qu’il nourrissait quotidiennement, il tomba gravement malade.
Cet homme, qui a beaucoup œuvré pour son pays, est mort à 38 ans dans le dénuement et l’anonymat, rejeté par ses pairs. Une dizaine de personnes était présente à ses funérailles.
Ces honneurs et reconnaissance dont il bénéficie post-mortem ne l’ont pas aidé de son vivant… Il a fini sa vie dans la solitude et la misère à Chennai. Il n'a pas été compris, bien trop en avance sur son époque !
Pour en savoir un peu plus sur la vie de Bharathiyar, un reportage en anglais
Recueil de poèmes de Bharathiyar traduit en français par un professeur du Calvé Collège : Sougou Kuppusamy
édité par le gouvernement de Pondichéry intitulé :
Soupramania Baradi, poète du pays Tamoul.
Sa femme Chellamma Bharati rédige sa biographie en 1941 intitulée : Bharathiyar sarithiram, toujours disponible à la vente. Et bien d'autres ouvrages ont été publiés par sa descendance.
J’ai été bercée par ses chansons durant mon enfance, comme beaucoup d’enfants tamouls.
Je l’ai mentionné dans mon premier roman «Pondichéry, la sensuelle» pour faire connaître cet écrivain hors-normes auprès du public francophone. Et rendre hommage à son combat pour la libération des femmes.Chilpa Dévi
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