J’ai profité de mon séjour à Pondichéry pour aller voir la méga production de Kollywood, en octobre 2022 : Ponniyin Selvan 1 réalisé par Mani Ratnam
Un film inspiré du roman de l’écrivain KALKI, qui s’était lui-même inspiré du roi Radja Radja Sojane (947- 1014). Beaucoup d’entre nous ont visité le temple de Thanjavur à l’architecture grandiose mais on sait peu sur celui qui l’a érigé pendant l’âge d’or de la dynastie des Cholas. Devenu ascète les dernières années de son existence, il tombe dans l’oubli. La cause de sa mort reste encore un mystère et son samadhi, démantelé par ses adversaires, serait quelque part à l’abandon... à Udayalur ?
Les secrets autour de Brihadeeshwarar Temple (Peruvudaiyar Kovil) THANJAVUR
Cette adaptation épique, qui met en scène la vie de R.R.Sojane avant son intronisation, permet de le faire connaître à un vaste public de manière plus captivante qu’un manuel scolaire. Mais le film est vivement critiqué comme l’était le roman car ils ne retraceraient pas l’histoire exacte (enfin de ce que les historiens savent de cette époque trouble). Kalki avait imaginé, donné forme à de nouveaux personnages et publié sa version pendant 5 ans dans son hebdomadaire tamoul, au début des années 50.
Ramaswamy Krishnamurthy (1899-1954) alias Kalki, né dans la région de Thanjavur, était aussi journaliste et militant indépendantiste. Il avait côtoyé Gandhi et fait de la prison pour ses idées progressistes. Il encourageait l'émancipation féminine à commencer par son épouse et sa fille. Cela se ressent aussi dans ses histoires où les femmes ne sont pas reléguées au second plan mais occupent des rôles clés. Son nom de plume évoque le prochain avatar de Vishnou dans la mythologie hindoue, censé s'incarner avant la fin du monde...
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l'écrivain tamoul Kalki |
Teaser பொன்னியின் செல்வன் 1
Ponniyin Selvan qui veut dire littéralement « fils de la rivière Ponni » (Kavéri nadi), incarné par le futur roi alias Arunmojhi Varman qui aurait été sauvé de la noyade à plusieurs reprises par une mystérieuse entité fluviale. L’intrigue tourne autour de la rivalité entre 2 femmes : Kundavai (la grande sœur du roi) et Nandini la beauté machiavélique qui aspire au trône. Cette dernière, amoureuse de Karikala Sojane (le grand-frère de Kundavai et du roi) avait été écartée de sa vie par la première. Et tout s’enchaîne : manipulation, trahison, vengeance, guerre, des têtes qui tombent (ouf pas trop sanguinolent)…
Khadodu Sol
Si la princesse Kundavai n’était pas une femme, elle aurait été couronnée à la place de son petit frère R.R.Sojane, une femme multi-talentueuse qui lui a enseigné comment gouverner. L’époque la vouait à se marier avec un prince de l’état voisin, afin de consolider les royaumes face aux multiples ennemis. Mais elle jette son dévolu sur Vandiyadevan, qui endosse le rôle principal du messager-espion dans la fiction.
Même en Inde, le prince charmant vient à cheval : Ponni Nadhi
Kundavai, qui rencontre son amoureux pour la première fois dans un déguisement de Kamsane, lui demande d’aller chercher R.R.Sojane qui trône au Sri Lanka.
Ratchasa Maamaney Je n’avais pas lu le roman de Kalki en amont donc aucune comparaison avec le film et ce n’est pas comparable, chaque création étant unique dans deux domaines différents. L’idéal aurait été de le revoir une 2ème fois pour mieux comprendre le rôle des uns et des autres car certains éléments m’ont échappé dans ce long métrage de presque 3h. Vive l’intervalle, le temps de manger un samossa avec du thé chaud. Cette première partie est un succès au box office et sert d’introduction à la seconde qui sortirait en 2023.
Cette fresque historique même romancée vaut le détour pour ses exploits techniques tous domaines confondus. Une profusion d’acteurs-actrices incarné-e-s par des têtes d’affiche, des décors somptueux, des paysages bucoliques, une mise en scène grandiose. Mani Ratnam, le réalisateur a sorti le grand jeu (et 500 crores) pour conter à sa façon un pan de l’histoire du Tamij Nadu à ses ouailles.
Car les artistes ont cette liberté de réécrire l’histoire comme bon leur semble… L’essentiel (devoir) étant de donner matière à réflexion. Titiller la curiosité du public pour qu’il aille chercher ce qui l’interpelle, discerner le vrai du faux et se faire sa propre opinion.
Review by Chilpa Dévi (copyright tous droits réservés)
Ce qu’on ne peut entendre dans le roman, c'est la musique. A.R.Rahman, le compositeur s’est surpassé encore une fois. Je ne m'en lasse pas de les écouter.
Aga naga (bgm)
Envoûtée par la voix sensuelle de Poungoujali, la batelière qui sillonne librement les océans à bord de son kattoumarame : Alaikadal
Pour les décors et la performance artistique : Devaralan Aattam
la virilité sans déodorant : Chola Chola
Bande annonce du film sous-titré en français